jeudi 27 avril 2017

Macron - Le Pen : Et maintenant, que fait-on ?

Et voilà. C'était prévu, c'était annoncé depuis le début, comme une mécanique bien huilée. On savait que ç'arriverait, et nous y voilà.
Avant tout, et par souci d'honnêteté, je tiens à préciser quel est mon positionnement dans l'affaire qui nous occupe : j'ai voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, et je compte m'abstenir au second.
Je réagis parce que nous sommes nombreux dans cette situation, et nombreux à se faire accuser de "cautionner la politique du FN". J'entends beaucoup dire que "c'est facile de dire que "l'un ne vaut pas mieux que lautre" quand on est blanc, hétérosexuel, avec une situation stable.". J'entends beaucoup dire que "l'idéologie du FN est mortelle, la politique libérale de ces dernières décennies est seulement "à vomir" ". 

Alors je tiens à expliquer comment, de mon côté, je vois les choses. Je considère, évidemment, que le FN a une idéologie inacceptable. Mais je considère aussi la politique de Macron tout aussi inacceptable et que, de même, il est facile de l'accepter quand on est jeune, en bonne santé, (plus ou moins) diplômé, et Français. Car, et contrairement à ce qu'on entend dire, il me semble que cette politique est également mortelle, que c'est un désastre humain et écologique : c'est l'argent au mépris de la vie, c'est l'exploitation effrénée de la planète, ce sont des gens broyés par la machine sociale au service d'intérêts privés. La seule différence (toujours selon moi), c'est que c'est une violence qu'on a réussi à banaliser, à nous faire admettre comme normale : on a réussi à nous faire accepter l'inacceptable, à légaliser le massacre. Alors, quand on est relativement protégés, comme nous, on ne le sent pas : on ne voit pas les deux agriculteurs qui se suicident par jour, les enfants esclavagisés, les gens jetés à la rue avec leur désespoir, les espèces animales qui s'éteignent, la montée des eaux.
Et je pense que c'est une politique pour laquelle on nous amène à voter, systématiquement, à chaque élection, en brandissant l'épouvantail FN. Je suis révoltée par ce que cette politique, et les discours qui la soutiennent et l'entretiennent, font de nous. Petit à petit, par touches successives - presque indolores. 

Je ne suis pas (et ne serai jamais) pour le FN, mais je ne suis pas davantage (et ne serai jamais) pour continuer cette politique qui est, selon moi, tout aussi violente. En fait, personnellement, je ne parviens pas (et je ne suis pas sûre d'en avoir le droit, d'ailleurs) à hiérarchiser la barbarie.


En ce qui me concerne, je comprends les gens qui votent Macron au second tour par rejet du FN, je comprends les gens qui votent FN par rejet de la politique actuelle, et je comprends les gens qui rejettent les uns et les autres. Il est surtout important d'écouter les arguments, les expériences, les sentiments de chacun. Parce qu'en réalité, quel que soit notre choix pour ce second tour, la vérité, c'est qu'on est indignés, révoltés par ce qui se passe. Alors moi, ce que je me demande, c'est : qu'est-ce qu'on fait, ensemble, pour cesser de s'opposer et prendre part au même combat ?


Je me pose vraiment des questions sur la marche à suivre, maintenant. Je me demande par exemple à partir de quel moment on a le devoir moral de se lever et de renverser le système pour de bon ? Est-ce que la limite est déjà franchie ? Et si non, où se situe-t-elle ?


Je n'ai pas la réponse, en réalité, je pose (et je me pose) juste la question, parce que je trouve la situation trop grave - elle n'est pas nouvelle, d'ailleurs, mais comment cesserons-nous de collaborer ? Comment organisons-nous la résistance ?

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